Pour cette deuxième saison, je reviens sur les lectures du printemps (mieux vaut tard que jamais).
J'ai vu s'enflammer le destin de La Fille Feu Follet, d'Ursula K. Le Guin. Dans une société organisée par classes, où les mariages sont régis par des règles strictes entre classes. Cette société complexe est dépeinte en seulement quelques pages, comme le fait si bien Ursula Le Guin. Les hommes riches nés dans la Cité (les hommes de la Couronne) ne peuvent se marier qu'avec des femmes esclaves, enlevées des peuples sauvages vivant à l'extérieur de la Cité (les femmes poussières). Modh et Mal sont deux sœurs poussières arrachées à leur famille puis élevées dans une famille de la Cité dans le but d'être mariées ou vendues comme épouses. J'ai été rapidement happée dans l'histoire de ces deux sœurs, qui ne parviendront malheureusement pas à se protéger de ce système.
Cette novella est suivie par plusieurs essais, dont un d'Ursula K. Le Guin, sur Lire sans s'endormir, une ode à la lecture, qui revient sur l'histoire des livres et du rôle social de la lecture. Je crois que "Lire sans s'endormir" aurait fait un très bon nom pour mon blog.
"Les lecteurs admettent que le plaisir est différent de celui d'être simplement diverti. Regarder est souvent complètement passif, lire est toujours un acte. [...] Un livre, il faut lui donner de l'attention. Vous le ramenez à la vie. A la différence des autres médias, un livre est silencieux. [...] Vous ne pouvez l'entendre que dans votre tête. [...] Lire correctement un bon roman implique de le suivre, de le jouer, de le ressentir, de devenir lui - cela implique tout mis à part l'écrire, en réalité." 💙 (p.85 - 86)
Ensuite, j'ai mis les pieds dans La Fabrique des lendemains, de Rich Larson. Les thèmes abordés dans les nouvelles de ce recueil oscillent entre implants neuronaux permettant de louer son corps, des IA qui s'émancipent ou vivent en société, des animaux manipulés pour augmenter leur intelligence, des virus à la mode qu'on s'inocule volontairement afin d'échapper à l'ennui d'un système immunitaire parfait, des corrections neurologiques par nanos. Cela m'a fait penser aux quelques épisodes de Black Mirror que j'ai vus. Et c'est aussi la première fois que je ressens une petite frustration sur le format court : parfois j'aurais volontiers continué de suivre les personnages pour explorer le monde résolument cyberpunk mais très humain que nous propose Rich Larson. Pour ma propre mémoire, je noterai ici quatre nouvelles qui m'ont marquée : Rentrer par tes propres moyens (où un grand-père est logé dans la puce neuronale de son petit-fils, faute de se permettre un corps), En cas de désastre sur la Lune (où des clones apparaissent sans discontinuer suite à une expédition dans une grotte lunaire), Innombrables Lueurs Scintillantes (une histoire de pieuvres exploratrices, où les personnages s'appellent Quatre Courants Chauds, Trois Récifs Dentelés et
Six Sources Thermales), Faire du manège (où un couple se retrouve séparé suite à un accident quantique -- sense of wonder et émotion garantis).
Enfin, j'ai vu s'ériger La Fortune des Caskey (Blackwater V, M. McDowell), dans des proportions à ne plus savoir qu'en faire . La famille s'est agrandie mais cela ne dure pas. Puis la Pluie (Blackwater VI, M. McDowell) s'est abattue sur la famille, en guise de rideau de fin. Il va sans dire que tous les membres de la famille ne s'en sortent pas indemnes. Les tomes de cette saga s'enchaînent tout seuls, et j'ai beaucoup aimé suivre Elinor intégrer et désintégrer la famille Caskey. A voir si je tente l'un des autres romans de l'auteur.
En audio, j'ai pénétré Le Ministère du futur, de Kim Stanley Robinson. Ce livre relève autant de la fiction que d'un essai d'anticipation. On suit bien quelques personnages tout au long du roman, entrelacé de passages sous forme d'essais, ou d'expérience de pensée. Le livre s'ouvre sur une grande canicule qui frappe l'Inde, et provoque la mort de millions de personnes, conséquence du dérèglement climatique. S'ensuit alors la création du ministère du futur, afin de prendre la défense des générations à venir face aux dérèglements climatiques. Mais est-il réaliste de penser que l'on peut mener des actions efficaces en toute légalité ? Alors que le sujet est tout de même angoissant, l'histoire présentée ici se termine bien, avec un certain espoir dans la capacité de l'humanité à trouver et mettre en œuvre des solutions. Même si j'ai trouvé que le livre était franchement bien lu (plusieurs lecteurices interviennent suivant le point de vue du chapitre), je dois quand même reconnaître que cette audio-lecture (en voiture) a été assez longue et parfois laborieuse (je ne serais pas surprise d'être passée à côté de 30% du contenu...)
Crédits de l'image d'entête : Aniket Bhattacharya (sur unsplash.com).
Je me demande ce que dirait Ursula Le Guin sur l'audiolecture, maintenant que c'est devenu commun.
RépondreSupprimer"Elinor intégrer et désintégrer la famille Caskey" : très belle formule et meilleur résumé de la série !
"(je ne serais pas surprise d'être passée à côté de 30% du contenu...)" : au moins ça te fera de la découverte si tu veux le relire un jour. ^^
Bonne question sur l'audiolecture ! Je n'y ai même pas pensé. J'ai l'impression que l'engagement peut être aussi fort que lorsqu'on lit, c'est l'imagination qui rend le livre vivant. Mais enfin bon, probablement pas quand on audiolit en conduisant comme moi 😬 Pour le Ministère du futur, je revenais parfois un peu en arrière et j'avais l'impression d'écouter des passages entiers pour la première fois 🙄 Donc oui, si je le relis un jour, je risque bien de découvrir des choses 😅
SupprimerHouuu trop bien, un billet !
RépondreSupprimerC'est vrai que ça ferait un joli nom de blog, lire sans s'endormir, ça sonne bien en plus. Je me demande quelle est la part dure à l'audio pour Le ministère du futur ; j'avais pour ma part trouvé le lecture très fluide et aisée, alors que je ne tenais pas Robinson pour être un auteur facile d'accès je me suis cassée les dents sur la trilogie martienne il y a longtemps).
😊
SupprimerPour le Ministère du futur, c'est peut-être les changements de ton entre les chapitres (en audio il y avait plusieurs lecteurices) et certains passages un peu trop pointus pour moi, que je devais écouter seulement d'une oreille (un peu plus comme un podcast), ce qui m'arrive peut-être moins dans un roman classique, où j'ai toujours un fil auquel me raccrocher. Et sinon c'est peut-être juste que ce n'est pas une audiolecture pour la voiture 😅
Aaaaww trop bien! Hello!!
RépondreSupprimerVive Le Guin!!
Et Blackwater, ça a l'air tellement bien!!
Hello ! :)
SupprimerOui pour Le Guin ! j'ai acheté pendant les vacances un de ses recueils en anglais, pour goûter sa prose en VO :)
Et oui pour Blackwater, tu devrais essayer !
Du coup tu penses tenter Rich Larson en roman ? J'hésite toujours à me prendre son recueil perso !
RépondreSupprimerJ'ai déjà lu son roman Ymir, que j'avais beaucoup aimé. Je ne crois pas qu'il y en ait d'autre ?
SupprimerLe format court représente toujours un petit risque pour toi, mais tu pourrais peut-être tenter en emprunt ? (c'était un emprunt pour moi aussi, je ne peux donc pas te le prêter)
Que de belles lectures ! (enfin pour celles que j'ai lues)
RépondreSupprimerPour "Rentrer par tes propres moyens", rien que l'évocation du titre fait monter une vive émotion 😅
Oui, c'est celle qui m'a le plus émue 🥹
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