dimanche 6 novembre 2016

[Chronique] Le Pistolero (La Tour Sombre T1) - Stephen King


Fait rare chez moi, je me suis lancée dans une relecture, celle du premier tome de La Tour Sombre, lu il y a une dizaine d'années. Je n'en gardais quasiment aucun souvenir, à part certaines scènes peut être, mais c'était bien flou (et je m'en rends d'autant plus compte à la relecture !) C'est l'arrivée du film annoncée l'année prochaine qui m'a poussée à me relancer dans cette saga (dont je n'avais lu que les trois premiers tomes). J'ai aussi été entraînée par ma petite sœur qui semble de plus en plus sombrer dans le côté obscur de la SF... Une petite lecture commune familiale, ça ne se refuse pas !

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"L'homme en noir fuyait à travers le désert, et le Pistolero le suivait."
(Impossible de passer à côté du fameux incipit !)

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Ce premier tome est la porte d'entrée dans un monde fantastique qui a pour décor des paysages de western. Comme il l'explique dans la préface, S. King a été très marqué par les images qu'il a vues au cinéma du film Le Bon, la Brute et le Truand. Et alors qu'il cherchait l'inspiration pour écrire sa propre épopée du style du Seigneur des anneaux (oui, rien moins que ça !), ce film a été le déclic : La Tour sombre se placera dans un décor de western, et notre héro sera Roland de Gilead, un pistolero.

L'univers qui nous est dépeint est un monde à la fois familier et étranger : on y retrouve des éléments de notre monde contemporain, qui aurait existé dans un passé révolu. Le monde a changé et on ne sait pas bien quelle connexion existe vraiment avec le nôtre. Il en existe bien une, en témoigne le personnage de Jake tout droit sorti du New York que l'on connaît, mais qui ne se souvient pas de la façon dont il est arrivé là... Le monde dans lequel se trouve Roland est empli de magie (ou de sorcellerie) et de créatures fantastiques (qui tiennent d'ailleurs plutôt du monstre). Le style d'écriture est assez riche, abondant de descriptions à coups de comparaison (l'immersion inclut jusqu'aux odeurs), mais pas non plus lourd (ça n'étonne pas vraiment que l'auteur raconte avoir supprimé du "bla-bla" et des "adverbes inutiles" pour cette nouvelle édition). 

Le personnage de Roland nous est également présenté, dernier pistolero de ce monde en perdition, auquel j'avoue avoir un peu de mal à m'attacher pour l'instant. Même attendri par sa relation d'amour presque paternel avec le jeune Jake, son côté froid et renfermé demeure toujours. La source de ce caractère immuable vient semble-t-il de son obsession pour la Tour, au centre de sa quête. De cette tour, il ne sait pas grand chose, seulement qu'elle est le Graal, la réponse à tout. Et c'est finalement ce même désir de la découvrir qui nous pousse à poursuivre cette quête à ses côtés...
"Le meurtre avait toujours existé dans le monde, mais se le dire ne lui était d'aucun réconfort. Le meurtre existait, et le viol, et toutes sortes de pratiques indicibles, et toutes au nom du bien, cette saloperie de bien, cette saloperie de mythe, pour le Graal, pour la Tour. Ah, cette Tour qui se dressait partout, au cœur de toutes choses (c'est ce qu'on disait), imposant sa masse gris-noir sur fond de ciel, [...]" (p.111)

Ce premier tome de la mythique saga de La Tour Sombre introduit donc un univers et un personnage, et surtout une quête. On suit donc Roland sur sa route chaotique vers la Tour, qui croise le chemin de mutants ou autre esprit-oracle nymphomane, donnant lieu à des scènes un peu étranges et déroutantes, ou encore épiques, comme le fameux rituel de passage enduré par tout pistolero. Mais si le roman ne me paraissait pas exceptionnel en cours de lecture, la fin vaut le détour. Et épique, c'est bien le terme approprié pour qualifier la conclusion de ce chapitre de la Tour Sombre, qui a même des résonances de science fiction qui m'ont bien parlé et annoncent une suite aux proportions démesurées...

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Concluons par l'explicit (ou excipit en latin de cuisine d'après Wikipédia), transition explicite vers le second tome, Les Trois Cartes : 
"Le Pistolero attendit que vînt le temps de tirer les cartes et s'abîma dans ses longs rêves de la Tour Sombre, de laquelle il s'approcherait un jour dans le crépuscule, sonnant son cor, pour y livrer quelque bataille ultime et inimaginable."

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Le Pistolero
Stephen King
J'ai Lu, édition revue et enrichie par l'auteur, 
2004, 255 pages
(première publication U.S. du roman : 1982)

4 commentaires:

  1. Il est trop bien ce bouquin ! Grosse claque quand je l'ai lu quand j'étais ado alors que j'avais déjà dévoré plein de bouquins de King et que celui-là était tellement différent.

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    1. Je n'ai quasiment rien lu d'autre de King... (peut être par peur d'avoir peur XD ) mais je compte bien me rattraper un jour quand même !

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  2. Mon livre préféré, depuis mes 20 ans. (ça fait quelques années du coup). C'est vrai que l'approche du film donne envie de se replonger dans la saga ! (j'espère que Vert ne passera pas par là on a une lecture commune de la série interrompue en août 2012 lol)
    Mon avis si ça t'intéresse http://unpapillondanslalune.blogspot.fr/2012/07/la-tour-sombre-tome-1-le-pistolero-de.html ;-)

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    1. C'est dommage pour cette lecture commune ! En tous cas de mon côté j'ai déjà terminé le tome 2 (vraiment chouette, j'ai encore plus accroché que le premier), et j'enchaînerai prochainement avec le 3 car cette fois je compte bien aller jusqu'au bout !

      Merci pour ta chronique (que j'avais déjà lue d'ailleurs il me semble :) j'aime beaucoup la conclusion qui dit qu'il faut lire la Tour Sombre dans tous les cas :-D

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