Le roman débute sur une planète où la société est hiérarchisée autour d'une production très particulière, celle de tapis tissés de cheveux humains. Il existe ainsi la Guilde des tisseurs, qui ont un mode de vie assez drastique : ils tissent pendant toute leur vie un tapis de 2m par 2m, à partir des cheveux de leurs femmes (mais il n'est pas question de tondre leur chevelure, les cheveux sont récupérés un à un lorsqu'ils tombent naturellement). L’œuvre de toute leur vie est au final vendue à des marchands qui passent dans les villages chaque année. Tout ce processus a un dessein bien particulier : les tapis sont destinés à embellir le Palais des étoiles où réside l'empereur, sur une autre planète. Mais depuis quelques temps, le bruit court que l'empereur serait mort, une nouvelle qui pourrait bien bouleverser les croyances de cette planète...
L'intrigue est posée dès le début : on sent qu'il y a quelque chose de pas tout à fait net derrière la tradition des tapis de cheveux (à part bien sûr qu'il s'agit de tapis en cheveux !)... La vie des personnages que l'on rencontre sur ce monde est complètement régie par cette coutume, sans qu'ils ne se posent beaucoup plus de questions. Tout ce processus en est devenu religieux, et l'empereur a atteint un statut quasi divin (il est de plus dit immortel). Et quand ils s'en posent un peu trop, ils sont purement éliminés, à l'image du jeune garçon tué par son propre père car il se désintéressait de la coutume ancestrale qu'il était censé reprendre (premier chapitre), ou de l'hérétique lapidé pour s'être intéressé de trop près à cette rumeur sur la mort de l'empereur.
La narration est originale : quasiment à chaque chapitre, on découvre un personnage différent (si bien que j'ai cru au début avoir affaire à recueil de nouvelles). Mais les différents récits sont bel et bien liés, et sont autant de fils qui tissent le tableau final. Et ces fils se croisent discrètement et subtilement parfois, ce que j'ai trouvé vraiment bien fait.
Si j'ai eu plaisir à lire ce court roman, souvent qualifié de chef d’œuvre, je suis obligée d'admettre que j'ai été néanmoins un peu déçue par la fin. L'idée est certes originale mais elle ne m'a pas tout à fait convaincue (peut être un peu exagérée à mon goût). Cela dit, j'ai bien aimé la construction du récit, avec ces fragments qui ne prennent tout leur sens qu'à la toute fin du roman.
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Des Milliards de tapis de cheveux
(Die Haarteppichknüpfer)
Andreas Eschbach
J'ai lu, 2014, 192 pages
Andreas Eschbach
J'ai lu, 2014, 192 pages
Publication originale (allemand) : 1995
Il est dans ma PAL depuis un moment, faut que je m'en occupe aussi^^
RépondreSupprimerOui, il faut y aller, il vaut tout de même le détour !
SupprimerJ'ai un peu eu le même problème, j'ai beaucoup aimé le concept mais la fin m'a fait l'effet d'un "tout ça pour ça ?!"
RépondreSupprimerOui, c'est un peu ça, même si je reconnais que l'idée est originale, ce n'est pas le final qui m'aura marquée le plus tout compte fait.
SupprimerJ'avais bien aimé la fin moi. Par contre ce qui m'avait gêné c'est qu'il y avait des défauts dans la narration.
RépondreSupprimerJ'avais effectivement lu ton avis ;-) Les dialogues artificiels dont tu parles, ça ne m'a pas marquée (je n'arrive pas à me souvenir d'un passage qui y correspondrait, mais je n'ai pas le livre sous la main), et je pense que l'exemple que tu donnes de "déroulements de l'intrigue capillotractés" (rha, cet adjectif ne trouvera jamais d'utilisation plus appropriée ! ^^) a certainement contribué aussi à ce que la fin ne me fasse pas autant d'effet que cela... (désolée, c'est un petit peu difficile de s'exprimer précisément en évitant les spoilers...)
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